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mercredi 4 février 2015

Découvrir Naples par les escaliers

Lecteurs et lectrices,
Vous trouverez dans ce blog des articles et des traductions sur Naples et la Campanie. C'est un journal de voyages écrit au gré de mes déplacements et sensations, de mes lectures et traductions. Bonne lecture.

Naples par les escaliers

Les descentes, marches, gradins, rampes, degrés de Naples sont des voies piétonnes très anciennes qui relient les collines au centre-ville et à la côte. Les plus anciens escaliers de la ville sont nés de l’enfouissement des torrents ou des sources, qui, il y a longtemps, jaillissaient à l’air libre, aux portes de la ville.

Ces rues à degrés furent construites aussi pour relier facilement les différents sites principaux, surtout religieux: monastères, couvents, églises, et bien sûr, en fonction du développement de la cité. Aujourd’hui, ces escaliers font l’objet d’études et sont considérés vraiment comme des lieux historiques.

Empruntant les principaux escaliers de la ville, l’itinéraire part de l’espace piéton du Vomero, devant la Certosa San Martino- San Felice, pour descendre sur la place Dante (Sortie tarsia du métro ligne 1 de Salvator Rosa et dans la rue Pontecorvo), à Calascione (dans le quartier de Posillipo, où on peut admirer le parc zoologico-archéologique de la Gaiola), pour s’attarder dans la zone de Pizzofalcone où se trouve le rocher de tuf (c’est le site le plus ancien de Naples, le berceau de la cité parténopéenne, on y trouve aussi la villa Lamont-Joung, abandonnée) et en passant par le pallonetto de Santa Lucia, pour finir dans les Quartiers Espagnols. Cet itinéraire constitue une sorte de chemin initiatique, à la recherche des racines de l’antique cité de Neapolis ou Partenope.
Il n’est pas question de méditation seulement, de bouddhisme, de zen, ou de tout autre doctrine de ce genre: il  s’agit de questions plus qu’importantes qui exigent une réponse. Nous pensons que  le poème intitulé “Les Degrés”, de Hermann Hesse, écrivain allemand prix Nobel de littérature en 1946, donne des réponses précises aux questions que se posent ceux qui ne peuvent s’empêcher de réfléchir:

Fleurette passe et l’âge dépasse
la jeunesse : il est ainsi des fleurs
à chaque pas de la vie, de la sagesse, de la vertu ;
chacune a sa saison, nulle l’éternité.
Cœur, quand la vie t’appelle,
sois paré à partir et à recommencer,
cours, vaillant, sans regret,
te plier à des jougs nouveaux et différents.
En tout commencement un charme a sa demeure,
C’est lui qui nous protège et qui nous aide à vivre.

Franchissons donc, sereins, espace après espace ;
n’acceptons en aucun les liens d’une patrie,
pour nous l’esprit du monde n’a ni chaînes, ni murs ;
par degrés il veut nous hausser, nous grandir.
À peine acclimatés en un cercle de vie,
intimes en son logis, la torpeur nous menace.
Seul, prêt à lever l’ancre et à gagner le large,
tu pourras t’arracher aux glus des habitudes.

Peut-être aussi l’heure de la mort nous lancera-t-elle,
jeunes, vers de nouveaux espaces.
L’appel de la vie jamais ne prendra fin…
Allons, mon cœur, dis adieu et guéris.

(Hermann Hesse, Le jeu des perles de verre

Paris, Calmann-Lévy, 1955, pp. 429-430)

Le point d’interrogation que constitue le doute, l’incertitude, l’hésitation, caractérise la condition humaine d’une manière ou d’une autre, et, à un certain moment, nous devons nous arrêter, respirer, empêcher que l’angoisse ne nous submerge, nous et tout notre être, nous devons observer et nous devons regarder en nous-mêmes pour observer notre expérience, nous devons regarder nos pieds pour comprendre où nous sommes arrivés, nous devons tourner notre regard à l’intérieur de nous-mêmes pour découvrir les territoires où nous avons pénétré et, enfin, ce qui est difficile après une pause longue et méditative, nous devons aller de l’avant en oubliant tout ce qui nous entoure une seconde, puis reprendre le chemin finalement. Il s’agit de degrés anthropologiques, itinéraire personnel, qui part de notre corps physique, qui passe par l’affectivité, l’intelligence et la liberté, pour atteindre la conscience de soi quelques temps avant de rejoindre la conscience spirituelle. C’est une vraie pyramide ascensionnelle qui conduit l’homme à des développements imprévus et uniques, propres à chaque être vivant.

D'après "Napoli per le Scale" d'Antonio Tortora
http://antoniotortora.blogspot.it


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